Alors qu’un projet de loi pour consacrer la Sécurité sociale dans la constitution est débattu ce jeudi 30 mai à l’Assemblée nationale, quatre représentants des principaux syndicats – Sophie Binet pour la CGT, Marylise Léon pour la CFDT, Laurent Escure pour l’UNSA et Benoit Teste pour la FSU – appellent à « saisir cette occasion pour ouvrir un grand débat sur l’avenir de la Sécurité sociale dans le pays. »
« La Sécurité sociale est une conquête sociale à laquelle nous sommes viscéralement attachés. C’est par elle que nous nous garantissons mutuellement des droits fondamentaux. Elle incarne la solidarité. Elle est la garantie des droits créés par le travail. Elle est devenue une institution dont la République ne saurait se passer.
Nous aurions beaucoup à dire sur les attaques qu’elle a subies, sur son étatisation toujours plus avancée, sur les nombreux défis face auxquels il faut lui donner les moyens d’être au rendez-vous, sur le sous-financement qui l’affecte gravement et les graves atteintes portées au principe même de cotisation sociale.
De tout cela, à vrai dire, nous sommes prêts à débattre. Nous avons des idées, nous avons des revendications. Cela s’est vu et entendu au moment de la réforme des retraites… Le puissant mouvement qui a contesté la réforme imposée par l’exécutif a témoigné d’une profonde aspiration au progrès social.
Nous alertons sur les menaces qui pèsent sur la Sécurité sociale. Cette somme considérable de richesses créées par le travail qui échappe au marché nourrit de multiples appétits. On nous rabâche à longueur de temps que la Sécurité sociale coûte trop cher pour lui faire réduire son périmètre et pour rétrécir nos droits.
Dans les pays où la protection sociale est individualisée, les sommes consacrées sont-elles moins importantes ? En réalité, elles sont beaucoup plus mal employées et les sociétés sont d’autant plus marquées par les inégalités…
Nous avons l’obsession de défendre la Sécurité sociale et ses principes de solidarité. Pour nous cela ne signifie pas défendre l’existant ou le statu quo. Mais le mouvement engagé de son affaiblissement a de quoi inquiéter. Comment ne pas voir ces inquiétudes renforcées par les projets du gouvernement concernant l’Assurance-chômage, assurée par cette autre grande institution sociale fondamentale qu’est l’UNEDIC…
C’est pourquoi, nous soutenons l’initiative de faire entrer la Sécurité sociale dans la Constitution avec ses principes fondateurs.
Il est choquant qu’elle n’y figure que par le biais des lois de financement, sans la reconnaissance, et même la proclamation, de son ambition sociale.
Nous le souhaitons, non pas pour nous déposséder nous-mêmes du rôle que nous entendons jouer dans sa gestion avec les salariés, mais pour acter cette singularité et donner force à la démocratie sociale. Nous appelons l’Assemblée nationale, qui aura à statuer sur une proposition de loi en ce sens le 30 mai prochain, à saisir cette occasion pour ouvrir un grand débat sur l’avenir de la Sécurité sociale dans le pays. »
Signataires :
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT,
Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT
Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA
Benoit Teste, secrétaire général FSU.