S’il était besoin d’en être sûr, c’est fait : un autre espace de débat est nécessaire pour permettre l’échange, l’analyse
et les propositions sur un sujet aussi important que l’Education nationale dans notre département. La FSU 58 a toujours
souhaité ce dialogue entre les membres de la communauté
éducative et a initié celui-ci (notre demande d’une charte
sur l’équipement des écoles a provoqué la réunion d’un
CDEN supplémentaire en 2009 qui a été à l’origine de la rencontre avec l’Amicale des Maires de la Nièvre d’où est partie
l’idée d’une instance de discussion autre que le CDEN officiel).
Le mercredi 24 novembre 2010, les représentants des personnels des 4 fédérations de l’Education Nationale représentatives dans la Nièvre se sont donc réunis avec les représentants des 2 fédérations de parents, un représentant des délégués départementaux de l’Education Nationale et des représentants des élus locaux (conseillers régionaux, conseillers généraux et maires).
Pour ce premier « autre CDEN », l’accent a été mis sur les
conséquences qu’aura la loi de finances 2011 sur le fonctionnement de nos écoles, collèges et lycées. Si celles-ci sont
bien connues, puisqu’elles sont les mêmes depuis quelques
années déjà, le niveau des suppressions de postes, l’impact
de ceux-ci sur les conditions de travail des élèves, des enseignants n’ont jamais atteint un tel degré (cf. ci-dessous). De
gros efforts d ‘imagination sont faits, il faut le reconnaître,
pour continuer à trouver des postes à supprimer. Mais nous
sommes maintenant sur le squelette du mammouth, il y a
vraiment risque d’effondrement de l’animal.
Et tout cela au nom d’une idéologie qui se cache derrière la
crise actuelle, derrière le déficit public mais qui ne vise
pourtant qu’à démanteler, privatiser pour permettre de
mieux « préparer » les jeunes à servir de main d’œuvre au
patronat, permettre son employabilité rapide, et renvoyer
chacun à ses responsabilités en niant la part de responsabilité collective.
Cette politique créé de nombreux dégâts, notamment en
zone rurale qui est ignorée par nos « managers » ministériels
(le secrétaire général du rectorat n’a-t-il pas affirmé que la
typologie des écoles de la Nièvre était la même que celles
des autres départements bourguignons ? )
Ainsi la scolarisation des enfants de 2 ans est remis en
cause, tout comme les réseaux d’aide spécialisée du premier degré, tout comme l’aide administrative des directeurs
ou l’accompagnement des élèves handicapés. L’Education
Prioritaire ne fait plus l’objet d’attention particulière (sauf
à y voir un problème de sécurité) et la formation est imaginée comme devant être de l’autoformation écrasant au pied
tout ce qui a déjà été fait en la matière.
Dans ce contexte nous devons résister mais aussi proposer,
expérimenter. Des pistes ont déjà été formulées lors de
cette rencontre, elles seront fouillées plus précisément lors
de la prochaine et d’autres seront mises sur la table par
chacun des participants. Pour que la Nièvre ne subissent
plus, pour que la Nièvre innove et montre son dynamisme,
pour former des citoyens capable de maîtriser des savoirs de
plus en plus complexes, mais aussi avec un sens critique aigu
et ouvert sur le monde.
Présentation du PLF 2011 de l’Education National
11200 en 2008, 13500 en 2009, 16000 en 2010, et encore
16000 en 2011. C’est la litanie des suppressions d’emplois
dans l’Education nationale depuis l’arrivée au pouvoir de
Nicolas Sarkozy. A cela il faut ajouter 34 emplois pour les
opérateurs sous tutelle du MEN (Céreq, CIEP, Cned, INRP,
Onisep, Scéren-CNDP) et l’enseignement technique agricole
qui perdra, lui, 145 postes.
La nouveauté cette année c’est que ce sera aux Recteurs et
aux Inspecteurs d’Académie de choisir quels types de postes
seront en priorité ôtés. En cela ils ont déjà été avertis et
préparés par les fiches qu’ils leur avaient été préparées au
printemps. Dans celles-ci nos responsables locaux ont trouvé
sur quels leviers ils devaient agir, et comment « mobiliser
les gisements d’efficience » tels que la taille des classes, la
scolarisation des enfants de deux ans, les moyens d’enseignement affectés en dehors des classes, le dispositif des enseignants absents, faire des économies par le biais de la réforme des lycées,
supprimer les « décharges non statutaires » ,
avoir toujours plus recours aux personnels non
titulaires, redéfinition de la fonction administrative en EPLE visant a
"rationaliser" (comprendre supprimer) la carte
des postes implantés…
Pour la Nièvre les craintes sont donc grandes de
se voir, une nouvelle fois encore, ponctionner.
Enfin, une fois encore, l’enseignement privé serait épargné
puisque 1633 emplois y seraient supprimés quand l’application du principe de parité public privé
1
aurait du conduire
au chiffre de 3200 ( 20% de 16 000 = 3 200).
Le ministère argumente de la manière suivante : il n’ y a pas
de surnombre dans le privé ni d’emplois d’administratifs :
on applique donc strictement les 20% aux 8 167 suppressions
autres (4800 second degré + 3367 premier degré).
Le cynisme gouvernemental et ministériel touche à la provocation, quand « Bercy » précise que le projet de budget
2011 s’appuie sur « un dialogue de gestion rénové avec les
académies », au vu de « l’ampleur des moyens consacrés à
l’éducation au plan national et la diversité des situations
locales ». En clair, ce sera aux académies de faire le travail de
coupe, en utilisant les désormais fameux « leviers
d’action.
Les satisfecit ministériels et les expérimentations
diverses ne peuvent masquer l’évidence : l’ambition éducative pour tous les jeunes n’est plus une
priorité en France. Cette poursuite des suppressions d’emplois, alors que les effectifs d’élèves
augmentent, ne permettra pas au système éducatif
de répondre au défi d’une nouvelle étape de démocratisation. Et ce sont les élèves des milieux les
plus défavorisés qui en seront les premières victimes.