Après la mobilisation de Paris où plusieurs milliers (et quelques nivernais) ont réclamé une autre politique européenne en matière d’immigration, une autre mobilisation était prévue à Vichy à l’appel de nombreuses organisations (dont la FSU et RESF) à l’occasion d’une conférence des ministres européens chargés de l’immigration. Des militants de la FSU 58 y étaient et racontent :
Après avoir croisés de nombreux gendarmes sur la route nous arrivons enfin à Cusset dans la banlieue de Vichy. Au point de rencontre prévue de la manif on nous raconte qu’au départ de Lyon et de Grenoble, l’identité des passagers des cars voulant se rendre à Vichy a été contrôlée, les personnes ont été fouillées et filmées. Mais les retards importants accentués par des contrôles des véhicules aux abords de Vichy étaient finalement plus enviables que les trains de Paris supprimés ou s’arrêtant à Moulins.
Ensuite il n’a pas été facile de suivre le trajet de la manif prévu et pas agréable du tout de se faire refouler par des bombes lacrymonèges. Surprenant aussi ce balai de trois hélicoptères avec faisceaux lumineux pour filer les participants au meeting de l’espace Chambon à Cusset, meeting qui a été abrégé car le commissaire assurant au maire de Cusset qu’il ferait reculer ses 500 crs, policiers locaux ou d’ailleurs, si nous sortions vite et dans le calme !
Pas évident d’être informés, les ondes ne relatant rien le jour même des 2500 personnes qui se sont déplacées pour réclamer la régularisation des sans-papiers qui font tourner notre économie dans l’ombre, cotisent et doivent cependant se terrer de peur des arrestations et des expulsions. Nous réclamions le droit au logement, le droit au travail, le droit de vivre en famille, le droit d’être citoyen.
Quant au lendemain, l’amalgame était facile, facile de conclure qu’ont défilé là des bandits qui brûlent des voitures et n’ont rien compris à la politique que Monsieur Hortefeux nomme "d’intégration" avec force reportage d’éducation à la Marseillaise, ses paroles, son histoire etc. Heureusement que l’on n’interroge pas les Français ! Parle-t-on d’égalité, de liberté et de fraternité dans cette initiation ? Quant au français, il faudra le pratiquer couramment avant d’arriver. Nous, nous envoyons nos enfants en voyage d’étude pour qu’ils apprennent la langue sur place …
A Paris le 18 octobre, nous appelions déjà de nos voeux "des ponts, pas des murs" : c’est dire que nous ne voulons pas d’une Europe avec barbelés car de tous temps, les hommes et les femmes qui devaient quitter leurs pays n’ont pas été arrêtés par les multiples dispositifs et constituent la société d’hier et d’aujourd’hui ; en outre, la loi prévoit de mettre dans des centres de rétention, dans les pays limitrophes de l’Europe en échange d’aides financières, des personnes qui n’ont finalement rien fait. Cela signifie qu’un femme ou un enfant sont privés de mari ou père pendant 7 ans : 18 mois de rétention plus 5 ans d’interdiction de séjour. Cette loi surnommée "directive de la honte" ne doit pas nous empêcher de lutter pour les sans-papiers dont l’atteinte aux droits fondamentaux précède de peu la nôtre.