En affirmant qu’il est toujours possible de faire mieux avec moins, le gouvernement se défausse de ses responsabilités sur nous, sur les personnels du service public ! Dans l’éducation comme à la justice, si ça ne marche pas, c’est de la faute des personnels !
Nous sommes en grève aujourd’hui pour redire notre engagement professionnel, notre attachement à notre métier et demander au gouvernement de prendre ses responsabilités en engageant une autre politique éducative. Une politique qui assurerait la réussite de tous les jeunes ! Une politique définissant les moyens humains et matériels pour y parvenir. Une politique qui irait donc a contrario de celle actuellement menée car n’ayant comme seule visée que l’alignement sur un modèle économique marchand.
Compétitivité, concurrence, libre choix du consommateur, réalité locale du marché devraient définir un nouvel ordre éducatif mais cela dénote surtout un renoncement à une école démocratique, solidaire, laïque. Et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite est symptomatique de cette politique.
Les choix du gouvernement ne règlent en rien, et même aggravent les difficultés réelles du service public d’éducation. Ils ne répondent pas aux besoins éducatifs de notre pays. Comment assurer la réussite de tous les élèves, à tous les niveaux du système éducatif, et élever le niveau de qualification de chacun, avec encore 16 000 postes en moins pour 62 000 élèves en plus à la prochaine rentrée ?
Même en laissant aux recteurs et aux Inspecteurs d’académie le soin de décliner localement cette pénurie, le ministre n’en masquera pas les conséquences désastreuses pour le secteur public d’éducation.
Et au-delà de la réduction drastique des moyens, ce sont également les choix éducatifs faits qui dégradent les conditions de scolarisation et d’enseignements de l’ensemble des élèves : formation des enseignants, réforme des 3 voies du lycée, dispositif d’aide aux élèves en difficulté, abandon de l’éducation prioritaire… A cela s’ajoute des déclarations et des expérimentations qui remettent en cause la nature et le sens même de nos métiers.
L’accompagnement personnalisé, présenté comme LA solution à l’échec scolaire rencontre de plus en plus de déception de la part des élèves et de leur famille qui n’y trouvent pas ce qu’ils en attendaient. Ce dispositif laisse les collègues désemparés d’autant plus qu’ils n’ont toujours pas été formés contrairement à ce qu’avait promis le ministre de l’Éducation Nationale.
Dans le 1er degré, 8 967 postes sont appelés à disparaître dans la pays alors que plus de 8 000 élèves supplémentaires sont attendus à la rentrée : RASED, maternelle, remplacements, enseignants supplémentaires, la chasse aux « gisements d’emplois » est ouverte. Passant outre toutes les recommandations concernant la maternelle et le primaire en général, on va augmenter les effectifs par classe, on va fermer des classes, on va regrouper des écoles rurales, les enfants de 2 ans seront de moins en moins accueillis à l’école, on va diminuer l’aide particulière qui pouvait être apportée aux élèves (par les RASED, les maîtres surnuméraires) mais aussi aux enseignants (par les conseillers pédagogiques, par la formation, en temps de décharges pour les directeurs).
Dans la Nièvre, à la rentrée 2011, avec 18 postes supprimés, nous sommes particulièrement inquiets pour l’avenir de nos écoles de 1 à 3 classes. Inquiets pour les conditions de scolarisation des élèves handicapés (que ce soit en CLIS ou en classe ordinaire), inquiets pour les conditions de travail des enseignants et des élèves.
Globalement dans le second degré pour l’académie de Dijon, 1750 postes auront été supprimés en 10 ans. Quelle entreprise peut présenter un tel bilan ? Les effectifs ont baissé de 9% et les postes de 15%. Les actionnaires recevront certainement une bonne prime pour cet excellent « plan social » ! Pendant quelques années les gouvernements trouvaient prétexte dans les baisses d’effectif pour justifier les coupes sombres. Aujourd’hui où les effectifs repartent à la hausse, ils ne cherchent même plus à se justifier. Les suppressions sont idéologiques. Elles produisent des dégradations importantes pour les enseignants comme pour leurs élèves, mais qu’importe il faut supprimer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite qu’il soit essentiel ou non pour la société.
Le ministère produit des réformes pour trouver des gisements d’efficience, traduire des moyens de supprimer des postes : Réforme des lycées (voie générale et filière STI) ou Réforme de la formation des maîtres…… Le ministère ne pilote plus l’Education Nationale pour former la jeunesse au défi de demain, mais cherche seulement à détruire des postes. Il a d’ailleurs tellement supprimé de postes que les stratégies déployées ne sont plus assez efficace, mais il ne renonce pas. Il renvoie aux Rectorats, aux Inspections d’Académie, et aux établissements le soin de trouver où supprimer encore et encore au lieu d’organiser au mieux le service public.
Les dispositifs mis en avant par le ministère pour promouvoir la réforme des lycées ne sont même pas financées. La réforme des filières industrielles va casser complémentent ces formations de qualité qui sont en prise direct avec le monde de l’industrie. L’Etat a formé et recruté des enseignants compétents pour ces formations nécessaires à l’industrie française, mais pour des raisons budgétaires de courte vue, il va pousser ces personnels à enseigner des contenus au nom ronflant éloignés du monde de l’industrie ou à quitter cette filière. C’est un gaspillage d’argent publique et comme l’ensemble de la réforme des lycées c’est un mauvais coup porté à notre économie et notre jeunesse.
Dans le département les conséquences sont désastreuses pour la rentrée :
Les collèges devraient gagner 63 élèves, et il n’y a même pas un poste complet d’enseignant de créé.
Pour les lycées généraux et technologiques, cette préparation de la rentrée est une catastrophe avec une baisse globale des moyens horaires de 14%. C’est l’équivalent d’un petit lycée qui disparaît ainsi.
La réforme des lycées qui devait se mettre en place « sans supprimer un poste » au dire du Président de la République, entraine l’essentiel des pertes par son application en premières générales et premières industrielles. Les conséquences sont terribles pour certains lycées ; comme le lycée de Clamecy où une baisse des effectifs conjuguée aux effets de la réforme entraine près de 20% de suppressions de moyens ou encore le lycée Jules Renard seul lycée du département possédant des bacs STI où la réforme des lycées est encore plus drastique.
Ainsi dans notre département, outre les enseignants qui verront leur vie bouleversée en perdant leur poste ou en devant se reconvertir, les élèves verront leur condition d’études se dégrader : augmentation des effectifs par classes, remise en cause de dédoublement de classe pour travailler en effectif réduit, regroupement anti-pédagogique de séries diverses.
Le SNES-FSU demande une remise à plat de de la réforme des lycées, et soutiendra tous les établissements en lutte dans notre département. Les taux de grévistes important dans les lycées et certains collèges montre clairement que supprimer des postes ça suffit !!
En lycée professionnel ce sont 67 postes de PLP qui disparaissent. Les capacités d’accueil se réduisent, même dans les carrières sanitaires et sociales qui offrent pourtant des débouchés. Les élèves s’apercevront très vite, comme leurs collègues des disciplines industrielles, que les passerelles ne fonctionnent plus à quelques rares exceptions près, que ce soit entre CAP et Bac pro ou entre Bac pro et Bacs technologiques, et la transformation des spécialités de STI en champs professionnels, n’inversera pas cette tendance. Le Rectorat persiste à opérer des regroupements contre nature qui posent non seulement des problèmes pédagogiques (examens différents, programmes différents, cursus de formation différents…) mais aussi des problèmes d’organisation, car ils sont consommateurs d’heures de dédoublement. Le recrutement des CAP reste très largement réservé aux élèves en grandes difficultés, même si ce caractère prioritaire n’est plus affiché. Mais là aussi on regroupe des spécialités pour faire des classes de 24, et leur faire cours en enseignement général en classe complète relève bien souvent de la gageure !!!
La FSU dénonce les suppressions de postes et exige une autre politique éducative.
Afin d’assurer la prochaine rentrée scolaire dans de meilleures conditions pour les élèves, elle demande un collectif budgétaire et l’ouverture d’un réel dialogue social sur l’ensemble de la politique éducative menée et sur les réformes en cours.
Développer l’aide aux élèves en difficulté (RASED, travail en équipe de personnels en nombre et formés (copsy, AS, Infirmières, personnels administratifs, TOS, enseignants…), améliorer la scolarisation des moins de 3 ans, mettre en place une réelle formation des enseignants, assurer les remplacements des enseignants absents, relancer la politique d’éducation prioritaire, diminuer les effectifs dans les classes, assurer l’existence de toutes les sections et options… C’est cette autre politique, ces moyens, cette dynamique à tous les niveaux du système éducatif qu’il faut mettre en œuvre.
La FSU appelle à participer massivement à la journée nationale d’action unitaire du 19 mars prochain.