Après le retrait de la réforme des lycées de l’an dernier, le gouvernement revient à la charge cette année avec une réforme différente dans l’organisation mais qui garde le même objectif : faire des économies sans se soucier des conséquences pour les élèves et les enseignants.
Pour les syndicats de la FSU du secteur (SNES, SNEP, SNUEP et SNETAP), cette réforme est inacceptable car loin de résoudre les problèmes du lycée, elle va les aggraver.
Mise en danger de certains bacs
Depuis plusieurs années, le bac L est en perte de vitesse (de moins en moins d’élèves s’y engagent). Le ministère annonce donc que sa réforme va rééquilibrer les séries générales : "série S plus scientifique, série ES stabilisée, et série L revalorisée". Mais dans les projets d’arrêtés du ministère, les élèves de série S perdent des heures de sciences, ceux de ES perdent des heures de Sciences Economiques et Sociales et ceux de L auront tous les cours importants de leur série en commun avec les autres séries et n’auront plus aucun enseignement obligatoire de mathématiques. C’est donc un bac S plus généraliste et moins scientifique et un bac L appauvri.
Des dispositifs fumeux à la place des cours
Mesure phare de la réforme, le ministère annonce à tous les niveaux la création de deux heures d’ accompagnement personnalisé pour les élèves. Cette mesure est financée en seconde notamment en supprimant l’aide individualisée de mathématiques et de français (par groupes de 8 élèves) et par des baisses des horaires disciplinaires à tous les niveaux. Elle n’est pas cadrée tant sur les effectifs (classe entière ? Demi-classe ?) que sur son organisation : aide aux élèves, complément pour les meilleurs, travaux interdisciplinaires, orientation (on transfère ainsi des missions du Conseiller d’Orientation)… Son organisation est renvoyée à l’autonomie des établissements.
L’autonomie des établissements, un moyen de renvoyer au local la gestion de la pénurie
Dans l’organisation à tous les niveaux des enseignements, le ministère prévoit que les dédoublements (TP de sciences, module de seconde, cours en salle informatique….) ne sont plus garantis nationalement par les grilles horaires, mais sont globalisés dans une enveloppe dont la répartition est gérée localement et qu’il sera facile de diminuer pour supprimer des postes. Ainsi d’un établissement à l’autre certains cours seront ou non dédoublés, et les élèves auront de l’aide dans une matière ou non. L’autonomie des établissements mise en avant par le ministère consistera à trouver le moyen de faire avec moins, et les arbitrages seront souvent rendus en fonction des ressources en personnel et non dans l’intérêt des élèves.
Les classes de première sacrifiées
En première générale (le ministère se garde bien pour le moment d’annoncer son projet pour la voie technologique), la réforme prévoit un tronc commun en Français, Histoire Géographie, Langues vivantes, EPS et ECJS où seront mélangés les élèves de S, de ES et de L dont les attentes et les ambitions sont différentes dans les disciplines concernées. Par exemple en histoire géographie, les élèves de S se prépareront au bac en première alors que ceux de L et de ES ne seront pas en année de préparation. L’objectif du ministère est de pouvoir supprimer des postes en gonflant les effectifs des classes de première grâce à ce tronc commun à 35. Les élèves auront donc en première des conditions de travail aussi difficiles qu’en seconde.
Des stages de quinze jours en août pour rattraper un an !!
Le ministère annonce la réduction des redoublements et des réorientations par la mise en place de tutorat et de stages durant les vacances soit pour se remettre à niveau, soit pour changer de voie. Mais rien n’est cadré sur le tutorat et les stages permettront surtout au ministère d’économiser des redoublements et d’évacuer les élèves en difficulté au plus vite du lycée.
Au final, cette réforme a clairement choisi de ne plus soutenir les élèves faibles, et de dégrader les conditions de travail de tous.
Ce n’est pas l’amélioration du système éducatif dont nos élèves et la société ont besoin, mais un nouveau renoncement comptable.