La rencontre avec les parlementaires offre toujours l’occasion de se rendre compte du formatage du discours même si, au vu de la démonstration de la FSU, l’assurance est moins présente … promesse de vigilance !!! Nous, à la FSU, nous voulons le retrait

La FSU a rencontré les deux députés de la Nièvre : Mme Goulet (24 janvier) et M Perrot (22 janvier). Les deux rencontres ont duré à chaque fois un peu plus d’une heure.

Il s’agissait d’abord pour la FSU de porter le rejet de la réforme de retraite exprimée par les personnels et plus largement les citoyens. Mais il s’agissait aussi pour la FSU de porter la parole des personnels de l’Éducation Nationale et de remonter leur défiance des personnels et le discrédit de la parole publique en raison des réformes et des propos du gouvernement sur notre secteur.

Nous avons globalement rappelé qu’il n’y avait aucune nécessité à faire une réforme d’ampleur (le COR ayant montré que le système actuel était équilibré économiquement sur le long terme). Nous avons souligné que la position de la FSU était de s’attaquer aux injustices qui existent dans le système sans remettre en cause le fonctionnement actuel. Nous avons rappelé que même l’étude d’impact tendait à nous convaincre que le nouveau système était plutôt à l’équilibre, et qu’il transférait tout le poids des déséquilibres démographiques à la charge des salariés là où c’est actuellement le budget de l’Etat qui compense ces déséquilibres. Aussi avons-nous pointé le manque de rentrées dans les caisses de l’ Etat (cadeaux fiscaux, CICE etc) organisé par le gouvernement.

Un système financièrement moins équilibré ou la justice sociale va régresser :

Sur l’équilibre du nouveau système, les députés n’ont pas vraiment répondus. Ils ont préféré vanter le caractère universel et la justice sociale du nouveau système. Nous avons dit que nous étions favorables à plus de justice sociale et qu’un système universel pouvait se construire sur des principes plus justes (comme, par exemple, ce que prévoyait le conseil national de la résistance à la fondation du régime général). Concernant la justice sociale, nous avons argumenté pour montrer que le nouveau système allait générer de nouvelles injustices : pour les femmes d’abord, pour ceux qui commenceront à travailler tôt, et pour ceux qui connaîtront des carrières très hachées. La plupart des exemples d’« injustices » que réglerait le système évoqué par les deux députés, concernent un alignement vers le bas de quelques catégories qui avaient gagnés par leur mobilisation un avantage pour leur régime de retraite : une drôle de vision de la justice sociale.

M. Perrot nous a cité les agriculteurs qui ont des retraites de moins de 600 euros en rappelant l’annonce d’une retraite de 1000 euros pour une carrière complète. Nous avons repoussé cet exemple en expliquant que les conditions pour percevoir les 1000€ étaient proches de celles du minimum contributif (980€ pour le régime général) et que beaucoup de personnes dont des agriculteurs resteraient exclus de ce dispositif car ils ne cotisent pas assez pour valider chaque année de travail. M. Perrot nous a dit qu’il y en aurait moins, mais a reconnu qu’il y aurait encore des agricultures qui malgré 43 ans de travail resteraient exclus du dispositif.

Opposition au régime par points :

Fasse à notre opposition au régime par points les deux députés ont cité les mêmes éléments expliquant que dans le système actuel, il leur était impossible de connaître ce qu’ils pouvaient espérer pour leurs retraites alors qu’avec le régime par points les choses seraient lisibles pour tous.

Nous avons objecté qu’actuellement le système d’information était performant même pour des salariés qui avaient changé de régime.

Nous trouvons étrange que les deux députés citent leur propre situation pour évoquer les pluri-pensionnées qui ne s’y retrouveraient pas dans la complexité d’obtenir leur relevé de carrière …En effet, les 3 collègues de la FSU ont le leur alors qu’ils ont eux aussi travaillé dasn le secteur public et privé à certains moments de leur vie ! Bizarre.

Ensuite, nous avons dit que les salariés connaîtraient effectivement le nombre de points acquis mais que la conversion en euro resterait dépendante de la valeur de service du points qui pourra varier (il a baissé dans certains pays). Enfin, nous avons insisté sur le fait que le passage au régime par points, c’était la prise en compte de la totalité de la carrière ce qui ne permettra plus de gommer les périodes de chômage induisant une baisse de retraite et de nouvelles injustices. Enfin, nous avons appris à Mme Goulet sous la forme d’une situation-problème que le système proposé était basé sur la masse des salaires gagnés (nombre de points acquis) et non sur le nombre de trimestres travaillés. Ainsi un salarié qui gagne très bien sa vie pendant 20 ans, et ne travaille quasiment pas ensuite, pourra avoir la même retraite qu’un salarié qui gagne la moitié moins, sur 40 ans.

Age pivot

Nous avons abordé ensuite notre opposition à l’âge d’équilibre (ou âge pivot) qui figure dans le projet de loi et dont les fuites sur l’étude d’impact permettent d’affirmer qu’il sera sans doute dès 2037 à 65 ans. Nous avons pointé que la réforme ne tenait plus compte du temps de travail (sauf pour les carrières longues et le minimum contributif à 1000€) et qu’il y avait une forte injuste à cela lorsque l’on considère l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé.

Mme Goulet a répondu qu’elle trouvait injuste une mesure d’âge non-modulée mais qu’elle pensait que le texte de loi allait permettre de moduler l’âge pivot.

M. Perrot nous a dit que l’âge pivot été retiré du texte. Nous avons dû rappeler que le premier ministre n’avait pas annoncé le retrait de l’âge pivot pour les générations concernées par la réforme. M. Perrot nous a dit être favorable à ce que l’on travaille plus longtemps en citant son propre exemple. Mr Perrot se dit en pleine forme ! Nous avons évoqué la problématique des seniors dont les entreprises veulent se débarrasser ainsi que le nombre d’emplois dont les jeunes sont privés si les anciens ne partent pas.

Limitation des cotisations au-delà de 10000€

Nous avons pointé que parler de justice sociale en abaissant le seuil de versement des cotisations pour les hauts salaires était contradictoire et surtout faisait le lit de la retraite par capitalisation. Nous avons dit que cela allait créer un manque à gagner de près de 4 milliards pour le régime de retraite.

M. Perrot a rappelé que les hauts salaires payaient une cotisation retraite de 2,8% (nous avons objecté que même les petits salaires payaient

cette cotisation de « solidarité ») sans remettre en cause cette mesure.

Mme Goulet a reconnu que cela créait un manque à gagner important et qu’elle travaillerait au sein de son groupe à faire évoluer les choses. Elle se désolidarise des décisions prises par le gouvernement. Sans commentaire !

Pour les fonctionnaires

Nous avons pointé l’existence de situations proches de celles des enseignants dans les catégories C et B qui seraient donc fortement impactés par la réforme mais qui n’auraient aucune compensation.

Mme Goulet a dit qu’elle y sera attentive et demande les situations précises.

Pour les enseignants

Nous avons dit à quel point la confiance était rompue. Le ministère nous parle de revalorisation depuis le début du quinquennat, mais il la lie maintenant à une compensation pour la réforme des retraites et à une redéfinition du métier. Nous avons dit que les enseignants ne pouvaient accepter une forme de travailler plus pour gagner plus, et que la revalorisation est urgente pour espérer recruter assez d’enseignants.

M. Perrot a trouvé normal que le ministère en profite pour redéfinir les missions des enseignants en considérant que cela se fait ainsi dans les entreprises privées. Opposition ferme de la FSU et évocation d’un mal-être dû à une gestions autoritaire et maltraitance des personnels semblable à celle subie chez France Télécom

Mme Goulet a dit qu’il fallait attendre les négociations qui s’ouvrent actuellement au ministère.

Nous avons redit que la parole des ministres étaient totalement dévaluée en citant par exemple l’engagement pris par Olivier Dussopt devant le parlement lors de la loi sur la Transformation de l’Action
Publique où il garantissait que pour les mutations des enseignants, il y aurait toujours des échanges avec les organisations syndicales sur le projet de tableau de mutations. Nous avons rappelé qu’à ce jour notre administration avait comme consigne de ne même pas porter à la connaissance des organisations syndicales ce tableau. Ce qui amène la fin de toute transparence.

Mme Goulet a été surprise de cela et s’y est dit totalement opposée. Elle a dit que cette évolution lui avait échappé et qu’elle allait se renseigner sur ce point car elle tient à la transparence et au rôle des organisations syndicales. Elle a appris que la loi déjà votée en juillet comportait cette mesure et a reconnu que cette disposition lui avait complètement échappé « et qu’on aurait dû venir la voir pour l’en avertir »

Pour finir

M. Perrot a affirmé qu’il ne voterait la réforme que s’il n’y avait pas de baisse de pension pour un salarié qui accepte de travail un peu plus. Nous lui avons dit qu’avec le système de retraite par points, il n’aurait jamais une telle garantie.

Mme Goulet a proposé de nous rencontrer à nouveau pour faire un nouveau point. Elle a plaidé pour que les syndicats s’engagent dans les discussions. Nous avons objecté que sans discussion possible sur l’architecture de la réforme, notre opposition ne peut que demeurer.

"Le pays n’a jamais été autant divisé", conclut Perrine Goulet. Et là, nous étions d’accord !