Depuis des années la FSU, avec comme boussole le respect des personnels et des élèves, et comme valeur cardinale la défense du service public d’éducation, s’est donnée pour principe de nommer au mieux les choses. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à dire que ce qui se passe à l’Éducation Nationale ce n’est pas la mise en œuvre de réformes concrètes mais c’est plutôt la démolition, la casse du service public d’éducation. La personnalisation des parcours c’est plutôt le culte de la performance liée à la dénaturation du métier. Le pacte de carrière c’est plutôt de la vision managériale à court terme.
Année après année, les manœuvres administratives et la brutalité politique agissent de concert pour détruire les capacités de résistance de notre profession.

Mais vous qui êtes là aujourd’hui, vous êtes debout. Vous êtes écœurés, révoltés, fatigués, mais vous ne lâcherez rien.

Pour la rentrée 2012 ce sont 14000 postes que l’on veut supprimer dans l’éducation Nationale. Ces suppressions porteraient à 71000 le nombre de postes supprimés depuis la rentrée 2008. Le système craque de toute part, les enquêtes internationales en témoignent. Ce gigantesque plan social met en péril le système éducatif. L’académie de Dijon, déjà fortement ponctionnée au rythme des plans successifs, est encore lourdement affectée par les annonces de suppressions d’emplois à la rentrée 2012. 181emplois dans le premier degré, 157 dans le secondaire et 19 emplois administratifs. Tout cela en dépit de réalités d’un territoire rural où de sérieuses difficultés socio-économiques sont mesurées. Dans notre département, ce sont 28 postes en moins dans les écoles et l’équivalent de 15 postes dans le second degré.

L’enseignement primaire en sortira exsangue. La scolarisation en maternelle dont l’importance avait été soulignée par l’enquête PISA de 2009 pour atténuer l’impact des inégalités sociales sera sacrifiée ; au-delà des secteurs concernés par la disparition des 6 postes de RASED, on ne peut être qu’inquiet si on regarde ce qui se passe dans d’autres départements où ils deviennent de simples plateformes téléphoniques centralisées dans chaque circonscription. Inexorablement, tous les dispositifs qui sortent du « un maître-une classe » sont abandonnés. Au moment où les enseignants intègrent dans leur classe de plus en plus d’élèves en situation de handicap, le gouvernement choisit de les laisser seuls avec les difficultés de la classe, ne revient toujours pas sur la réforme de la formation et au contraire prévoit la disparition des IUFM.

Dans le second degré chaque fois qu’il y a deux élèves de plus on supprime un poste ! Il n’est donc plus possible d’invoquer la baisse démographique. La dégradation des conditions de travail des élèves et des professeurs s’accélère donc. La multiplication d’heures supplémentaires qui plus est défiscalisées reste un choix obstiné et sans pertinence économique qui ne peut que nuire à la qualité de l’enseignement dispensé. En collège, l’Inspection Académique annonce 128 élèves en plus pour la rentrée, mais les moyens ne suivent pas puisque le nombre de classes va rester sensiblement le même et certains niveaux regrouperont 29 voire 30 élèves. L’administration annonce un solde de deux classes en plus ce qui est insuffisant, et il y aura à la rentrée des regroupements de classes donnant des cours à 32 ou 34 élèves dans certaines disciplines dans plusieurs collèges du départements. L’administration renvoyant aux établissements le soin de trouver une solution pour réduire le nombre de situations en prenant sur d’autres enseignements (Itinéraire de découverte,….). Comment dans ces conditions peut-on espérer faire progresser tous les élèves ?
Dans les lycées, les suppressions de moyens vont largement au-delà de l’application des réformes puisque, dans certains établissements, l’Accompagnement Personnalisé, l’une des mesures phares de la réforme, aura lieu en classe entière ! Où sont donc passés les moyens horaires prévus dans les décrets (10h30 par division de seconde par exemple) pour constituer des groupes à effectifs réduits ? Les limites du supportable sont dépassées. Au final, c’est l’équivalent de la moitié du lycée de Cosne qui disparaîtra à la rentrée : pour une baisse de 1% du nombre d’élèves, les lycées nivernais perdent ainsi 6% de leur moyens. Pour la seconde année consécutive, la réforme des lycées sert à réaliser les économies permettant le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans le second degré. La promesse de Nicolas Sarkozy de faire la réforme du lycée à moyens constants a fait long feu.
Pour la voie professionnelle, la FSU s’oppose aux créations de filières mixtes, mélangeant apprentis et élèves sous statut scolaire dans les mêmes classes. Ses buts sont clairs : faire entrer l’apprentissage dans nos établissements, première étape du démantèlement de l’enseignement professionnel public, et annualiser le temps de travail des PLP, ce qui, nous le rappelons, est hors statut.
La FSU veut faire de la lutte contre l’échec scolaire une priorité du pays. Cela passe notamment par une possibilité de travailler autrement en classe (travail en petits groupes, travail en interdisciplinarité, avec du temps de concertation pour du travail en équipe…) et par une politique ambitieuse dans les quartiers déshérités.

La FSU demande un collectif budgétaire pour rétablir immédiatement les postes supprimés.
La FSU demande le retrait immédiat du projet de décret d’évaluation des enseignants. Véritable coup de force contre nos métiers, ce décret s’enracine dans les conceptions les plus libérales de la gestion des personnels. Celles du patronat le plus borné et le plus anti-social. Celles qui ont échoué et accroissent les situations personnelles et professionnelles les plus tragiques.
Voilà ce qu’on nous comptons voir porté dans le débat public à un moment où des forces politiques, dans le cadre des campagnes aux élections présidentielles et législatives, déclarent faire de l’éducation une priorité.
Agir, pour le respect des élèves, des parents, des enseignants, ne pas laisser pas la rentrée 2012 dégrader davantage l’école publique. C’est le sens de cette journée de lutte. Nous aimons notre école et nous le disons ; et si il doit y avoir divorce ce ne sera pas avec elle !


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