A la rentrée 2011, les lycées nivernais seront le niveau de l’éducation nationale qui supportera l’essentiel des suppressions de postes : 43 Équivalents Temps Plein

Ces suppressions sont rendues possibles par les différentes réformes.

La réforme du bac professionnel qui retire une année de scolarité pour les élèves préparant ce diplôme, permet de supprimer le quart des moyens d’enseignement consacrés à ces élèves.

Après un an de fonctionnement de la réforme du lycée, on supprime mécaniquement des postes d’enseignants en réduisant les grilles horaires des lycéens. L’introduction de troncs communs en première permet des regroupements de classes qui vont entrainer une augmentation des effectifs et donc une dégradation des conditions de travail des élèves et des enseignants.

Les dédoublements ne sont plus garantis dans les grilles horaires, ni dans leur volume puisque le Rectorat ne dote plus à la structure, mais applique une formule dépendant du nombre d’élèves pour attribuer la DHG des Lycées. Cette globalisation des moyens pour les cours en classe entière, les dédoublements, les enseignements spécifiques et les options donne un total inférieur à la somme des volumes horaires prévus par la réforme elle-même ! Encore un moyen de supprimer des postes…

Mais tout cela ne suffisant pas, l’administration augmente le ratio des heures supplémentaires. Le niveau atteint (11,7 %) devient un casse-tête pour les équipes de direction, une source de tension dans les établissements et la cause de nombreux compléments de service pour les enseignants. Le retour à un niveau raisonnable de 5% permettrait de maintenir 30 ETP pour les lycées nivernais. Les HSA joueraient alors le rôle qu’elles n’auraient jamais dû cesser d’avoir, c’est à dire apporter de la souplesse pour la préparation de la rentrée dans les établissements.

Pour ce qui est de la voie technologique, c’est à un véritable démantèlement de la filière industrielle à laquelle nous assistons alors que la France est le pays d’Europe qui se désindustrialise le plus vite.

Il y a un resserrement des filières qui vont ainsi se trouver déconnectées des principaux domaines industriels. La voie STI permettait à des élèves moyens qui préfèrent un enseignement concret d’obtenir un bac et de poursuivre des études courtes (BTS ou DUT).

Cette série est une spécificité française qui suscite beaucoup d’intérêt en Europe. En particulier, elle ne bloque pas l’accès aux études longues (licence et master pro) contrairement à ce qui se passe par exemple en Allemagne (sélection à 14 ans et passerelles très difficilement franchissables par la suite). Elle alimente le secteur industriel qui représente 20% d’emplois et le secteur de la construction avec 10% d’emplois.

De plus, cette réforme de la voie technologique va remettre en cause tous les aspects qui font sa force et justifient sa place. Elle va perdre sa connexion avec l’industrie en totale contradiction avec sa nouvelle appellation Sciences et Technologies de l’Industrie et du Développement Durable, le travail pratique autour de l’objet technique disparaît.

On ne trouve pas, à la lecture des nouveaux programmes, de quoi susciter l’intérêt des jeunes. En étant beaucoup plus théorique et généraliste, en réduisant à la portion congrue la partie pratique, les nouvelles dispositions risquent fort de détourner de nombreux élèves initialement intéressés par ces formations, sans en attirer d’autres.

Par ailleurs, les dégradations dans les lycées ne se limitent pas aux seules suppressions de postes, l’autonomie laissée aux établissements par les nouvelles grilles horaires va conduire à des lycées à plusieurs vitesses. Le caractère national de l’éducation n’est plus dans la volonté d’élever le niveau d’étude de tous les enfants, mais dans un habillage des renoncements.