Lors du conseil départemental du 10 novembre dernier, M. l’Inspecteur d’Académie affirmait que cette instance n’était pas un lieu de réflexion et de travail, et que pour cela il faudrait se voir à un autre moment. Nous avions déjà conclu la même chose il y a plus d’un an maintenant et c’est ainsi que « l’Autre CDEN », qui réunit les membres hors ceux de l’état (syndicats, élus, parents…), est né. Lors de la première réunion en novembre 2010, nous avions constaté les dégâts des derniers budgets de l’Education Nationale, la deuxième, en janvier 2011, a étudié les dispositifs existants qui permettent de travailler en réseau. La troisième qui a eu lieu le mercredi 7 décembre a parlé du maillage des écoles.

Après plusieurs années pendant lesquelles la Nièvre a payé un lourd tribut à la carte scolaire, où les dispositifs permettant de travailler autrement ont été disloqués, où les Réseaux d’Aide Spécialisées aux élèves en difficulté, les RASED, démembrés, il était intéressant d’échanger avec les maires, partant du vécu de chacun, permettant de comptabiliser le coût des opérations de carte scolaire.

Le maire de Pousseaux a ainsi parlé de dégâts collatéraux considérables lors de la fermeture en cette rentrée du RPI que sa commune formait avec Surgy. Sa municipalité paie encore ses fonctionnaires territoriaux (ATSEM, femme de ménage, secrétaire), ce qui correspond à 34 000 euros (pour un budget annuel de 200 000 euros). Il faut aussi compter avec les 3 000 euros de scolarité donnés à la commune de Clamecy et les 4 000 euros de participation aux frais de cantine. Comme le conseiller général du canton l’a fait remarquer, « de toutes façons l’administration de l’Education Nationale n’est plus dans une problématique d’aménagement du territoire mais dans une logique d’économie à tout prix. Ce n’est plus la même vie pour les enfants et les parents, les jeunes ne veulent plus s’installer dans la commune ».
A Dornes, c’est la communauté de communes qui s’est emparée de la compétence (facultative) Education. Et comme on se méfie de la brutalité des réformes de l’Etat, on veut anticiper les fermetures de classes probables du fait de la démographie (évitées cette année grâce à ce début de réflexion). En prenant d’autres critères que seulement comptables (population, attentes sociales…), les délégués communautaires, avec l’aide des directeurs et directrices d’école, essaient d’élaborer un nouveau schéma des écoles, peut-être moins dispersé mais permettant d’offrir des prestations de meilleure qualité. La discussion a ainsi porté sur l’intérêt des classes à plusieurs niveaux qui ne se dément pas, encore faut-il que les effectifs n’y soient pas trop conséquents.

Après un délégué FCPE, l’adjoint au maire d’Imphy chargé des affaires scolaires a mentionné que le développement des territoires était lié au développement économique, à la politique industrielle.
A Moulins-Engilbert, c’est une critique de la concentration qui a pu être faite. Les communes autour du chef lieu de canton ont fermé (ou menacent de l’être) et l’école de Moulins-Engilbert, fusionnée, se retrouve avec des effectifs chargés, ne lui permettant plus d’accueillir les 2 ans, avec moins de temps pour s’occuper de la direction. Le Maire, Conseiller Général, demande que l’on ne profite pas systématiquement des suppressions d’école pour supprimer des postes d’enseignant.
Sur la question des deux ans, l’unanimité s’est faite pour dire que, contrairement à ce qu’affirme l’Inspecteur d’Académie, les parents souhaitent scolariser leur enfant dès la toute petite section, mais estiment qu’il faut que ce soit dans de bonnes conditions. Comme cela est de moins en moins le cas, dans les zones rurales comme en ville, il y a auto-censure des parents.
Mais toute la Nièvre n’est pas dans un schéma de démographie décroissante. L’école de Raveau, par exemple, compte 57 élèves pour deux classes et aimerait scolariser ses élèves de maternelle dans la commune au lieu de les envoyer à La Charité. Ce qui lui coûte 16 000 euros. Alors que la municipalité a accepté d’investir dans un restaurant scolaire, dans une salle informatique. Tout est prêt mais l’Inspecteur d’Académie refuse d’accorder une ouverture.
Cela n’a pas été le cas à Tronsanges où le RPI a vu l’ouverture d’une cinquième classe. Mais le Maire a bien précisé que celle-ci s’était faite en évitant les dépenses inconsidérées car rien ne permet d’assurer la pérennité de cette classe dans les années à venir.
A la rentrée prochaine, la Nièvre perdrait 445 élèves et les inspecteurs eux-mêmes se demandent bien comment ils vont encore trouver 20 postes à supprimer dans le premier degré. Les raisons démographiques ne sauraient justifier à nos yeux la suppression de 20 classes. Les difficultés sociales de plus en plus prégnantes ont des incidences inévitables sur la vie des élèves et il est bien du ressort de l’ Etat de gérer les territoires, pas seulement en imposant le Service Minimum d’Accueil, mais plutôt en maintenant des coordonnateurs, en prévoyant des remplaçants en nombre suffisant, en favorisant l’enseignement des langues etc.
Pour conclure cette journée, les participants ont convenu que pour contrer les décisions brutales de l’Education Nationale, il fallait encore plus de dialogue entre les municipalités, encore plus de coopération entre élus, enseignants et parents d’élèves. Les fermetures de classe ne sont pas une fatalité. Nous avons besoin d’une politique de développement des territoires solidaire, cohérente et attractive.
La question de l’école est sensible dans la population et les membres de « l’Autre CDEN » ont assuré qu’ils continueraient de la porter au plus près du terrain. Comme ils l’ont fait l’année dernière avec le rallye des écoles, ils continueront d’agir.