Nous avons obtenu (et on peut le dire comme cela car il y a encore peu la date de réunion du CHSCT de l’Éducation Nationale dans le département était annoncée pour fin avril), la tenue d’un CHSCT la semaine dernière qui a été l’occasion de pointer les manques en terme de prévention des risques sanitaires dans notre ministère. Ce CHSCT nous a aussi permis de programmer des groupes de travail sur la question du déconfinement. Et les délégués du personnel que nous sommes sont heureux de participer à la réflexion sur la manière dont notre métier doit être pratiqué même en ces temps de crise.

La situation sanitaire actuelle exigeait que la FSU ne déserte pas le CDEN, mais y porte les inquiétudes et les demandes des personnels pour envisager les conditions du déconfinement …

Depuis le 15 mars nous avons pourtant pratiqué notre métier dans des conditions inédites et difficiles, avec notre matériel personnel, en multipliant les innovations, en « s’autoformant », en éclatant le temps de travail. Mais nous avons aussi participé à la lutte contre la pandémie en prenant en charge temporairement les enfants de soignants.

Nous sommes pressés de retrouver nos élèves, pressés de retrouver la classe pour faire ce que nous savons faire et que nous avons appris à faire : enseigner, enseigner dans des conditions normales. Cela ne sera pas possible tout de suite. Nous l’avons compris. Mais surtout ce que nous n’avons pas compris ce sont les explications de l’exécutif national sur les raisons de fermer les écoles et celles de les rouvrir :

• Si l’urgence est de permettre aux élèves « perdus et éloignés », ce sont les termes du ministre, de retrouver les chemins de l’apprentissage, nous répondrons présents et nous disons alors que ce sont eux qui devront être accueillis en priorité dans les écoles.

• Si l’objectif est de permettre de relancer l’économie, nous disons alors que la priorité est la scolarisation des enfants de salariés. Nous attendons une réponse à cette question.

• Si l’objectif est de propager le virus pour immuniser assez de personnes capables de faire éteindre la maladie, nous alerterons alors nos collègues vulnérables, fragiles et la FSU demandera alors à notre institution de veiller à leur remplacement ou à trouver tout autre dispositif capable de maintenir le système éducatif.

Mais, parce que nous sommes une organisation syndicale responsable, nous ne laisserons jamais nos collègues aller au travail sans que ne soient réunies toutes les conditions sanitaires et de sécurité à même de garantir leur intégrité physique, et nous ajoutons mentale car la santé psychologique fortement mise à mal le sera encore dans la période si nous laissons le flou trop longtemps perdurer sur les conditions de cette réouverture des écoles. C’est ce que les échanges dans les groupes de travail devront éclaircir.

En sus de ces messages, nous avons, au CDEN de ce 21 avril, posé une demande et une question : que les comités d’hygiène et sécurité d’établissement puissent aussi être réunis rapidement, que les collègues disposent de temps pour préparer au mieux et sans précipitation cette nouvelle étape dans l’histoire du COVID-19.

La question, elle, s’est adressée aux représentants des collectivités territoriales présents non autour de la table mais derrière leur écran : « aurez-vous les moyens d’assurer les conditions sanitaires permettant de garantir la sécurité du public et des personnels ? »

Madame la préfète a été dans son rôle en donnant comme « premier facteur ceux qui sont le plus en difficulté ». Mais elle a tout de suite dit ne pas cacher que la reprise économique est aussi importante et que pour la remise en marche du pays toutes les bonnes volontés étaient nécessaires. Elle s’est félicitée de voir l’adaptation de beaucoup de monde à la situation et a rappelé qu’on « apprend en marchant ». Nous lui avons rappelé que, pour garantir la sécurité et la santé des personnels et des élèves, nous avions surtout besoin de protocole et de procédures, pour le nettoyage, pour les transports, pour la restauration, pour la circulation au sein des écoles, d’horaires décalés à définir etc. Pour tout cela la concertation doit être la règle.

Pour conclure, l’enjeu est bien un enjeu de santé publique, qui dépasse l’Education Nationale. La réouverture des écoles exposera de nombreuses personnes (élèves, personnels scolaires, familles) à une éventuelle contamination. Edouard Philippe a précisé que le premier objectif du déconfinement serait de « préserver la santé des français », de « ne pas mettre sous pression la capacité d’accueil des hôpitaux » et de mettre en œuvre tous les comportements nécessaires pour prévenir la diffusion du virus puisque nous n’avons ni vaccin ni traitement. Organiser un retour précipité à l’école pourrait aller contre ces objectifs.